Lever compliqué à 5h18 (soyons précis), pour attraper le bus de 7h qui nous emmènera au « Mont Hua » ou « Huashan » (prononcez « juashan » avec la « jota » espagnole pour ceux qui connaissent. Pour les non hispaniques prononcez « roishan » avec un « r » qui vient de la gorge. « Shan », signifiant « mont »). Le temps est grisâtre et brumeux, on espère que ça va se dégager dans la journée pour pouvoir y voir quelque chose lors de notre ascension…
Petite augmentation par rapport au prix annoncé par le Routard, on passe de 28 à 30 yuan par personne le bus « aller » (idem pour le retour) depuis Xi’an. Dépêchez-vous d’y aller car on ne sait pas quel sera le prix dans 5 ans…
Pour nous mettre dans le bain, on apprend que le Mont Hua est une des 5 Montagnes sacrées de Chine. Reconnue comme la plus haute avec son pic « du sud » qui atteint 2154,90m. Il possède 5 pics de différentes altitudes avec des points de vue différents (c’est Greg qui m’a expliqué tout ça en ajoutant « J’aimerais bien qu’on les fasse tous« …. « Euuuuh ok d’accord pas de problème« ).
Étant donné que j’ai des problèmes de genoux, on a pris le soin de bien m’équiper : j’ai pris mes genouillères et les bâtons. Et pour notre premier gros effort, on va tenter de monter à pieds cette montagne vertigineuse mais de la redescendre en téléphérique… (Eh oui les genoux préfèrent en général les montées plutôt que les descentes).
ATTENTION : pour visionner toutes les images, n’hésitez pas à faire défiler les « sliders », en cliquant sur les petites flèches blanches situées sur le côté de chaque image. Ça se serait dommage d’en perdre une miette !
Les différentes possibilités pour gravir le Mont Hua
Pour défier le Mont Hua, vous avez 3 possibilités :
– La plus sage : monter et descendre le Mont en téléphérique. Ne vous inquiétez pas, vous aurez aussi de la grimpette avec 500m de dénivelé à vous taper pour atteindre le pic du sud !
– La plus rusée : Il est possible de dormir en haut du Mont, mais pour cela mieux vaut vous renseigner par vous-même pour avoir toutes les infos car nous n’avons pas fait l’expérience.
– La plus sportive : gravir le Mont Hua à pied pour vous faire un « petit »challenge. Là encore vous avez plusieurs options :
1. Gravir la montagne à pied pendant 4h d’une avec une randonnée « relativement » tranquille et quelques endroits difficiles.
2. Gravir la montagne ET la redescendre pour les grands Warriors (Attention, normalement cette option est difficilement possible si vous souhaitez le faire en une journée, voire impensable).
3. Prendre le Sentier des Soldats (Soldier Path) qui ne dure que 2h. Mais avec ses 4000 marches de montée environ et ses petites surprises, il est sans doute l’un des plus dangereux des montagnes de Chine.
De notre côté, nous sommes partis avec un esprit de « demi warrior » et une dose d’inconscience également pour rythmer le tout (en choisissant l’option sportive n°3). Vous pouvez voir nos têtes par ici.
En arrivant au terminus du bus (comptez 2h30 de trajet voire 3h et non les 2h annoncées), on se demande bien où nous sommes arrivés, il s’agit du village de Huashan (nous sommes entourés de restaurants chinois qui longent les deux côtés de la route, certes en pente, mais pas de montagne à l’horizon. En même temps avec le brouillard ambiant…). Étant donné que les explications sont données en chinois de surcroit, on ne comprend rien du tout. Heureusement, les seuls 2 Européens du bus étaient Français et l’un deux parlait chinois. Et bien figurez-vous que c’est un plus non négligeable ici ! Grâce à lui, nous avons su qu’il était possible de redescendre en téléphérique et que la rando pour monter le Mont Hua se trouvait au bout de la rue où nous nous trouvions. Ah oui et dernier point important : le retour vers Xi’an se fera d’ici également et le dernier bus est à 19h.
Une randonnée au vert, riche en paysage
Dès le début, Greg fait le malin et annonce toutes les 15 minutes ce qu’il nous reste à faire (plus que 1h45, plus que 1h30, plus que…). Il peut se le permettre au début car l’ascension commence relativement calmement. Le sentier est en pierres aménagées et la pente relativement faible. On a le temps d’admirer le paysage, entourés de verdure et de calme (enfin…), avec une rivière sur notre gauche et en hauteur la montagne imposante qui ressort dans la brume par sa couleur crème.
Grâce aux arbres, la brume s’efface au fur et à mesure de nos pas et on en prend plein la vue. « C’est ÇA la rando ??? » Greg est persuadé que nous avons pris le sentier le plus simple. Même si on est content de respirer de l’air pur, on s’attendait à faire un minimum d’efforts : elle est où cette montagne sacrée là ?
Mais nous avons eu à peine le temps de baisser nos armes, que la pente commençait à augmenter dangereusement de degré en degré. Soudain, on sort les bâtons et on sollicite les mollets. On passe à la puissance 2 : le sentier alterne des montées sur sol plat (en pente aiguë) et des marches de différentes tailles sur plusieurs centaines de mètres (on fait notre squash du matin).
À chaque palier supplémentaire, le Mont Hua se dévoile un peu plus encore et ses vues sur l’horizon brumeux nous laissent sans voix. Sur le parcours il y a des toilettes postées un peu partout mais aussi des snacks pour se rafraîchir ou casser la croûte.
Des touristes chinois ont déjà abandonnés autour d’un plat de pâtes. Au bout de 30 minutes, on a déjà « gratté » tous les Chinois… Petits joueurs ! On tient un bon rythme : le Mont Hua ne nous aura pas !!!
Le véritable visage du Mont Hua
Bon ça, c’était bien avant le drame. Après s’être déjà tapé des milliers de marches et je ne sais combien de mètres de dénivelé, on arrive au « boss du Mont Huashan » (sauf qu’on n’a pas reçu l’étoile de Mario avant) : 80m de marches raides, courtes et creusées dans la roche, le tout à la verticale. On parle de « la falaise des Mille Pieds » du Mont Hua (ou « Quianchiyan » en chinois). Ici, pas de ligne de survie ou de mousquetons, c’est juste toi, tes mains et la montagne. Seule petite compensation : des chaines en acier rouillées par le temps, fixées sur les deux côtés de « l’échelle de pierre » que nous nous apprêtons à monter.
On comprend maintenant pourquoi ils vendent des gants en bas. Prenez-en, ça vous évitera d’avoir les mains orange comme nous !
Bon quand faut y aller, faut y aller ! Greg passe devant, marche après marche, ça semble plutôt facile. Sauf que lorsque vient mon tour, tout est beaucoup plus compliqué. Ici, si celui du dessus tombe, c’est simple on meurt. Donc stp Greg ne loupe pas une marche… L’ascension n’en finit pas, des marches encore des marches et vous ne pouvez plus faire demi-tour.
J’avoue que je ne faisais pas la maligne à ce moment là. « Vertige » était venu me rendre visite, surtout lorsque je tournais la tête vers le bas. Au contraire, Greg allait très bien et parvenait même à me filmer sans crainte (Grrrrrr).
Un conseil : si vous avez le vertige, l’ascension du Mont Hua par le Sentier des Soldats n’est pas faite pour vous. Idem si vous faites partie des sportifs du dimanche. Par contre, vous avez la possibilité d’emprunter le chemin dit standard, certes plus long mais beaucoup plus « safe » dirons-nous.
Une fois arrivés en haut, en regardant le vide, un sentiment de réconfort mais aussi de fierté nous envahit : on a réussi. On a battu le boss de la montagne !!!
Mais le plus grand mérite revient à ces hommes d’un certain âge que nous avons croisé sur le chemin, portant des packs d’eau et autres snacks, sur une planche en bois (comme une balance en quelque sorte). L’un pousse même l’effronterie jusqu’à jouer un petit air de flûte tout en grimpant une côte à 70% et 48kg sur le dos. Normal ! Ils sont fous ces Chinois !
À la recherche du pic du sud du Mont Hua
Après 2h30 de montée, nous parvenons enfin au pic le plus bas du Mont Hua : le pic Nord (ou pic de la Terrasse au nuage), là où se trouve l’arrivée des téléphériques. Nous sommes déjà à 1613m d’altitude mais notre but ultime est d’arriver au pic le plus haut : le pic du Sud (ou Pic de l’atterrissage des Oies Sauvages) à 2154,90m d’altitude !
Si vous optez pour le téléphérique (cableway) vous mettrez 20 minutes de bus puis 10 minutes de téléphérique pour arriver au Pic Nord ! Sachez qu’une fois arrivé en haut, vous avez encore 600m de dénivelé à monter avec pratiquement QUE des escaliers pour parvenir au pic Sud, le point culminant. N’espérez pas arriver comme une fleur en haut du pic. Une expérience telle que celle-ci ça se mérite !
Comme vous vous en doutez, nous ne serons pas épargnés : il faut continuer à monter et cette fois-ci avec une horde de touristes (armés de leur appareils photos et smartphones prêts à s’arrêter toutes les 5 minutes pour faire des photos, moches en plus, et vous ralentir par la même occasion en plein milieu d’une montée). Nos mollets en ont déjà pris un sacré coup et nous n’avons toujours pas mangé, à part quelques abricots secs, une banane et 1,5L d’eau par personne. Nous avons préféré monter sans relâche plutôt que de nous couper dans notre élan. Du coup, on passe en mode tortue (Non pas par volonté, mais juste parce que nos mollets refusent de donner davantage). On lutte à chaque pas mais les paysages nous apportent le courage pour continuer. On va y arriver !
Un peu partout, il y a la possibilité d’acheter un cadenas pour l’accrocher sur l’un des nombreux escaliers du Mont Hua. Nous ne l’avons pas fait mais nous avons pu admirer ces multitudes de cadenas dorés agrémentés de leur ruban rouge qui respiraient la passion au milieu des nuages…
Après 1h30 de montée depuis le pic Nord, nous sommes enfin arrivés au pic Sud. Il faut dire que tout est très mal indiqué : un coup on se trouve à côté du pic de l’Ouest puis le « you are here » se déplace comme par magie au prochain panneau et on se retrouve complètement à l’opposé alors qu’on n’a même pas fait 30 mètres. Ne perdez pas patience, à force de tourner on finit par y arriver.
La voici, la pierre indiquant les 2154,90m nous fait face (cachée par des dizaines de touristes chinois) et on a même le droit à notre photo souvenir (prise par un touriste canadien que nous retrouverons plus tard). Greg a « délicatement » jarté une chinoise qui voulait s’incruster pour la photo, en la poussant violemment gentiment sur le côté :).
Là-haut, la brume laisse apparaitre certains détails de la montagne selon ses volontés. Le temps est comme arrêté dans cette atmosphère étrange et le froid commence à se faire ressentir maintenant que nous ne transpirons plus…
Crevés et à cause d’un timing trop serré (on vous rappelle qu’il n’est pas possible de faire la montée et la descente à pied du Mont Hua en une journée) finalement on ne fera que le pic Sud mais ça nous est égal, on a réussi notre challenge de monter 2154,90m en 4h30 et on est tout content… KO mais content !
Descente en téléphérique et retour au bercail compliqué
Le retour est beaucoup moins drôle !
1. Ça commence par des marches, des marches, encore des marches mais cette fois-ci en descente ! Nos genoux en prennent un coup. Comme prévu, on ne redescendra pas à pied mais par le téléphérique qui met 10 minutes !
2. Au moment de prendre nos billets au pic Nord, on s’est énervé contre la dame des tickets qui ne voulait pas nous faire de réduction étudiante… On a donc fait nos Français moyen et fait attendre les autres touristes pendant 10 bonnes minutes, pour finalement n’obtenir que 10% de réduction (alors que le panneau indiquait 50%…). Ça c’est de la réduc ! Si vous voulez avoir des réductions étudiantes essayez d’avoir une carte avec écrit « School » dessus car c’est dans doute le seul mot qu’ils comprennent. Vous nous direz si vous avez réussi à avoir les 50% ? Nous on a payé 144 yuan au lieu de 160…
Nous voici à bord du téléphérique. Petit moment de nostalgie : on se croirait au ski mais vu le dénivelé, on prie pour que la cabine soit de bonne qualité ! (visiblement de marque autrichienne donc tout va bien ;))
3. Une fois à terre, on ne reconnait pas le lieu. Normal, il faut prendre un shuttle bus (payant bien sûr ! Ici rien n’est gratuit, c’est certainement ce que l’on regrette en Chine. 20 yuan par personne) qui nous emmène à un autre shuttle bus (vive la logistique) et enfin retrouver le bus qui nous a amené jusqu’au village Huashan le matin même. Heureusement, le second shuttle bus est gratuit. Ouf ! Lessivés, il ne nous reste plus qu’à passer 3h de bus pour retourner à Xi’an…
Malgré un retour tumultueux, nous gardons en mémoire ce beau challenge que nous nous sommes donnés et nous vous invitons à en faire de même, aussi bien pour l’effort que les paysages et le calme ambiant… Bref une expérience inoubliable.
Arrivés à 22h dans notre chambre, nous n’avions aucune envie de ressortir dîner dehors. Soudain, une idée lumineuse m’est venue : pourquoi ne pas se faire des œufs durs dans la bouilloire ? Et bien figurez-vous que ça marche très bien ! Eh oui, j’avoue que je suis plutôt fière de cette trouvaille alors je vous passe le tuyau, si vous n’y avez pas pensé ! Surtout qu’en Chine, il y a souvent des bouilloires un peu partout car ils ne boivent que de l’eau chaude ou du thé ! À bon entendeur…
Infos pratiques :
Depuis Xi’an prendre le bus numéro 1, situé tout de suite à l’Est du parvis de la gare de Xi’an.
Durée : 2h30 de bus.
On peut le prendre à partir de 7h mais ça dépend de l’arrivée de tout le monde, il ne part QUE quand il est plein (pour nous il est parti à 7h20 par exemple…)
Prix :
– Bus depuis Xi’an : 60 yuan par personne (aller-retour). Ne perdez pas votre ticket car il vous sera demandé pour le retour.
– Entrée : 180 par personne. Mais nous on a eu droit au tarif étudiant plutôt avantageux car ça nous est revenu à 100 yuan par personne ! Pour une fois qu’on fait une bonne affaire !
– Téléférique pour redescendre le Mont Hua : 80 yuan (on a lutté pendant 20 minutes pour avoir notre tarif étudiant car elle ne nous croyait pas et elle a fini par nous faire seulement 10% alors que c’était indiqué 50%… Du coup ça nous est revenu à 72 yuan par personne. Si vous avez une carte étudiante avec écrit « School » en anglais c’est mieux car sinon ça ne passe pas tout le temps…).
– Si vous prenez le téléphérique aller-retour le prix est à 150 yuan par personne.
– 1er shuttle bus pour descendre : 20 yuan par personne (eh oui ici on a l’impression de payer toutes les secondes pour tout et n’importe quoi… C’est une sensation désagréable mais de toute façon vous êtes bien obligés de redescendre, alors…). (Si vous avez décidé de ne pas monter à pied vous devrez payer la même somme pour monter vers le téléphérique bien évidemment).
– Attendez son terminus et marchez un peu en suivant tout le monde afin de prendre un autre shuttle bus. N’hésitez pas à montrer votre ticket de bus depuis Xi’an (pour être sûr que c’est le bon). Celui-ci est gratuit (Incroyable !!!).
– Retrouvez enfin votre bus pour revenir à Xi’an (dernier départ à 19h).
6 Commentaires
Quel périple! Vous devez être sacrément fiers de vous :)
J’attends avec impatience la suite de vos aventures !
Merci Laura c’est pour ton commentaire ! Eh oui je l’avoue nous étions assez fiers car ce n’était pas facile facile..
J’espère que le reste des articles te plaira aussi :)
Bonne journée à toi et à bientôt à travers nos articles !
Et bien… Vous pouvez être fiers de vous, ce sentier des soldats est réellement impressionnant. C’est un formidable défi que vous avez relevé !
Oui en effet on l’était.. j’avoue que c’est assez physique tout de même mais une fois arrivé en haut on déguste notre victoire :)
Excellent récit agrémenté d’un humour édulcoré dans lequel j’ai retrouvé des sentiments éprouvés lors de mes voyages en Chine. Pour la réduc de 10% vous avez eu finalement assez de chance. Il m’est souvent arrivé de ne pas obtenir les réductions affichées et prévues pour les seniors avec pour dernier argument le fait que je n’étais pas un Chinois et mes notions de mandarin n’y changeaient rien ! Bravo et merci !
Bonjour Raymond,
Merci beaucoup pour ton commentaire. Effectivement ça ne devait pas être évident.. surtout que normalement tu y avais droit alors que nous au contraire nous n’avions pas forcément droit d’avoir cette réduction alors bon.. on ne fait pas les malins non plus.
Tu as été souvent en Chine ?