Je fais MA route, c’est tout, m’a lancé Don avant de finir sa dernière gorgée et de chanceler jusqu’à sa chambre. Ouais chacun sa route j’ai murmuré le regard dans le vide.
J’suis resté là un bon moment à cogiter sur sa phrase, à regarder l’aiguille des secondes défiler au rythme de mon palpitant. Clac, Clac, Clac..
Il était 8h08 quand j’ai capté qu’on faisait tous une route. Une route comptée à rebours, qui débute dans les starting-blocks, une route sur laquelle t’essayes de garder le cap tant bien que mal avec ta boussole en crépon.
Ce trajet on te le file à la naissance comme si tu prenais un passeport pour garder les mains à 10h10 sur le volant. Mais il n’est pas renouvelable celui la. « Tiens pour toi ca sera un bleu et pour toi un rouge, désolé. » Alors tu t’assois gentiment à la place indiquée sur le ticket et tu regardes le voyage défiler à toute allure. C’est comme ça. Les pilules tu les avales de plus en plus grosses mais t’es au courant maintenant ça finit par passer, ça passe toujours. Au pire t’écrases le cacheton et ça passe mieux.
Comme un clandé t’as envie de transgresser pour la faire en première classe cette putain de route. La route des possibles comme j’me dis souvent. Alors t’essayes de trouver l’idée du siècle pour avoir un passeport bleu alors que tu sais même pas où il mène. On a tous envie de la faire en première, ouais, mais il n’y a pas assez de place.
« Toi t’auras le droit de mater par la fenêtre et toi désolé, il n’y avait plus que le poteau, ça sera pour la prochaine ». Mais la prochaine elle a toujours 3 chiffres et ca prend du temps, c’est 3 mois de galère sur la route. Une petite pilule, un verre d’eau, tu serres les dents, tu montes dans ta bagnole et tu vas bûcher en quête de ces chiffres ! « Ca va passer vite t’inquiète ».
Et puis ça recommence encore et encore. Pour aller voir la mer c’est 6 mois de route à griller. Ah et pour ca ? désolé tu n’as pas la bonne couleur de passeport. Comme toujours, ton antiseptique : c’est le temps. il ne t’laisse pas tomber lui, il est là pour te soutenir et t’emmener la tête droite mais surtout les pieds devant. « Tiens moi le volant deux secondes que je regarde le paysage défiler quand même ».
Quand j’ai réussis à soulever la tête, j’ai remarqué qu’il était toujours 8h08. Bob Dylan avait pourtant usé les enceintes et je pouvais jouer au bowling avec le nombre de bières que j’avais descendues. C’était la grande aiguille qui tournait dans le vide… j’ai souri et j’ai pensé à Don.
Grace à lui, j’ai plus envie de savoir si c’est la vie qui nous baise, les autres, ou les deux. J’ai juste envie de coller mes paluches à 8h08, de faire demi tour et de prendre en stop « Mr Tambourine Man » et comme tu disais de mettre la poignée dans l’angle.
Au passage, désolé, mais je vous emmerde. J’en veux pas de votre foutu passeport. Cette route, MA route, va être un putain de labyrinthe si j’en ai envie. Et tu sais quoi ? Il y aura des pingouins, des licornes et deux tickets. Un pour une saison de Quidditch et un autre pour la liberté !
À la tienne Don !
3 Commentaires
Ça, pour un billet d’humeur, c’en est un ! Biz
Merci Patou, je le prend comme un compliment :)
Tu écris vraiment bien, parfois tu pars loin mais « c’est ça qu’c’est bon » :D